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La liberté d’expression, un facteur de société démocratique

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La liberté d’expression, un facteur de société démocratique

Notre société s’identifie à un régime politique démocratique. Nous avions précédemment abordé la question de la démocratie en tant que système de représentation des individus. Concentrons-nous aujourd’hui sur la liberté d’expression qui est, sans aucun doute, un facteur pertinent pour juger de l’état démocratique dans lequel nous sommes.

1.  Histoire de la liberté d’expression

La liberté d’expression est une liberté fondamentale énoncée dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le 19e article stipule, en effet, que « tout individu a droit à la liberté d’expression et d’opinion ». Cette liberté est « le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ». Autrement dit, de ce point de vue, chacun peut émettre son opinion et prendre connaissance de celui d’autrui sans être condamné, violenté ou censuré.

2.  Les limites du droit d’expression

La trentaine d’articles de la Déclaration universelle sont fondateurs pour une société mesurée et démocratique. Certains de ces articles peuvent toutefois se contredire en partie. Dans le cas qui nous occupe, il est par exemple possible de se trouver dans une situation inconfortable entre la liberté d’expression et le droit à la dignité, de l’article premier. La question se pose, entre autre, lorsqu’on porte publiquement préjudice à autrui : est-ce de la liberté d’opinion ou une atteinte à la dignité ? Amnesty explique ce phénomène en disant que « chaque pays applique ou restreint la liberté d’expression selon son régime politique et son cadre socio-culturel, et ces restrictions sont évidemment inscrites dans les lois[1] ». En Belgique, la liberté d’expression est limitée en ce qui concerne la discrimination publique des individus.

3.  Liberté d’expression et liberté de la presse

La liberté d’expression est actuellement devenue indissociable de la liberté de la presse. Après les attentats de Paris visant les membres du personnel du journal satirique Charlie Hebdo, le débat public s’est en partie cristallisé autour de cette notion. Savoir ce que peut dire ou non la presse doit se juger à travers un débat ouvert et argumenter, quitte à ce qu’il se termine devant un tribunal. Mais valoriser la liberté de la presse ne doit pas s’analyser uniquement sur le qualitatif, et donc sur le fond. La forme et les moyens sont importants.

C’est la raison pour laquelle Reporter Sans Frontière (RSF) propose annuellement son classement mondial de la liberté de la presse. Pour chaque pays, plusieurs paramètres sont testés tels que la diversité des médias qui existent, le cadre légal qui leur permet de professer, ou encore les exactions réalisées à l’encontre des journalistes. A chacune de ces caractéristiques est rapportée une valeur. L’ensemble des valeurs permet de calculer l’indicateur de la liberté de la presse dans le pays donné. Plus le score est proche de zéro, plus la liberté de la presse est respectée. L’intérêt de ce classement se découvre aussi à travers les cinq catégories qu’il stipule. Entre 0 et 15 points, la situation est bonne ; entre 15,01 et 25 points, elle est plutôt bonne ; entre 25,01 et 35 points, il existe des problèmes significatifs ; entre 35,01 et 55 points la situation devient difficile et entre 55,01 et 100 points, elle est très grave.

La Belgique est donc en 2017 dans une bonne situation avec un score de 12,75 et une 9e place au classement. Elle gagne quatre places par rapport à l’année précédente. RSF vante par ailleurs les mérites de la loi belge relative à la protection du secret des sources journalistiques de 2005, tout en pointant le fait que les grands médias sont possédés par une poignée de grands investisseurs. Si notre situation est loin d’être parfaite, de grandes nations sont par contre bien en deçà de notre position. La France est 39e avec 22,24 points et les États-Unis sont en 43e position avec 23,88 points. Le dernier pays européen est la Bulgarie en 109e position pour un score de 35,01 points, ce qui la place dans la catégorie des pays à « situation difficile ».

La liberté de la presse est donc, en toute théorie, un contrepoids politique important. Elle est la garante d’un certain débat public. Il faut toutefois reconnaitre que tous les journalistes ne professent pas avec la même qualité de recherche et de pertinence. Cependant, ils méritent tous de pouvoir œuvrer librement. C’est aussi, et surtout, au lecteur de faire le tri entre le bon grain et l’ivraie, en favorisant les médias de meilleure qualité, en les lisant et en les achetant, l’achat étant le plus important des suffrages apolitique de notre société. Autrement dit, si vous voulez une presse de qualité, il faut favoriser la presse de qualité.

4.  En savoir plus

[1] https://www.amnesty.be/camp/liberte-d-expression/la-liberte-d-expression-c-est-quoi/article/les-limites-a-la-liberte-d-expression