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L’obsolescence programmée : késako?

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L’obsolescence programmée : késako?

L’obsolescence programmée

Nous nous sommes tous, un jour, fait la réflexion que notre téléviseur, machine à laver ou GSM est tombé bien tôt en panne : est-ce une fatalité ou plutôt une technique des fabricants appelée « obsolescence programmée » ? Les biens d’aujourd’hui semblent durer moins longtemps qu’avant, tout semble plus fragile et sensible, à l’instar des appareils électroménagers courants qui ont une durée de vie actuelle de six à huit années alors qu’il y a encore quelques années, la durée de vie de ces mêmes appareils était de dix à douze années. De nombreux consommateurs ont surement déjà fait l’expérience de l’obsolescence programmée, sans peut-être en connaitre le terme et encore moins les causes et conséquences.

Mais qu’entend-on exactement à travers la notion d’obsolescence programmée ?  Il s’agit en fait pour les fabricants de réduire délibérément la durée de vie des biens et des produits après une certaine durée d’existence afin d’inciter les consommateurs à racheter ce même produit ou dans une version supérieure. Ce terme a été inventé en 1932 au lendemain de la grande crise par Bernard London qui défend une obsolescence imposée légalement afin de stimuler l’industrie et la croissance.

Aujourd’hui, l’obsolescence peut se matérialiser de différentes façons. Un de ses types est l’obsolescence technique qui se subdivise elle-même en quatre types : l’obsolescence par défaut fonctionnel, incompatibilité, indirecte et par notification.[1] Le deuxième type est l’obsolescence par péremption. Elle concerne particulièrement les produits alimentaires et consiste à raccourcir artificiellement la durée de vie de ces produits en indiquant des dates plus courtes alors qu’ils sont tout à fait consommables. L’exemple le plus connu est celui des yogourts. L’obsolescence esthétique est quant à elle liée au marketing des produits influençant la psychologie des consommateurs où ceux-ci trouvent quelque chose démodé et décident de racheter une version supérieure pour se remettre dans le coup. Le produit est alors jeté ou mis de côté alors que celui-ci est encore tout à fait fonctionnel. Certains produits peuvent combiner ces mécanismes. Prenons l’exemple de l’iPhone mélangeant obsolescence esthétique, par incompatibilité et indirecte pour les plus vieux modèles.

Ce phénomène à bien entendu de nombreuses incidences. Un Français achète six fois plus d’équipements électriques ou électroniques qu’au début des années 1990 nécessitant toujours plus de ressources naturelles très diverses et en grande quantité. Les produits électroniques ont également une structure de plus en plus complexe et compacte rendant difficile le recyclage des matières premières utilisées. Lié à l’obsolescence par péremption, le gaspillage alimentaire grossit d’année en année. Pour exemple, c’est chaque année 345kg de nourriture qui sont gaspillées par personne et par an ce qui représente presque un kilo par jour par Belge qui finit à la poubelle…

La Belgique a déjà réagi vis-à-vis de ce phénomène, le 2 février 2012, le sénat adopte une résolution que nous pouvons retrouver par le lien suivant : http://www.senate.be/www/?MIval=/publications/viewPub.html&COLL=S&LEG=5&NR=1251&VOLGNR=3&LANG=fr. Mais la résolution va-t-elle assez loin ? De nombreux problèmes sont, en effet, soulignés dans ce rapport.

Mais il est possible, en tant que consommateur de prendre conscience de ce phénomène et de ses différents mécanismes. Mais il est également possible de choisir des produits évitant les appareils difficilement démontables, privilégier les filières de consommations parallèles comme les magasins de seconde main ou le prêt de matériel ou encore faire réparer ses appareils dans des repair-cafés.

Les personnes intéressées de mettre leur talent de bricoleur.se ou de couturier.e sont les bienvenus pour l’éventuelle création d’un repair-café avec l’ILFAC J N’hésitez pas à nous contacter via mail (info@ilfac.be) ou par téléphone (02/500.50.99).

Nous vous attendons ce 20 février pour débattre ensemble autour d’une réflexion sur nos habitudes et les outils nécessaires pour lutter contre ce phénomène.

Guillaume Vaneukem

Sources

  • Wauthion Eric, L’obsolescence programmée : processus, impacts et solutions, Louvain-la-Neuve, UCL, 2012 (Mémoire de licence).
  • http://www.autrefutur.net/IMG/pdf/Etude-Obsolescence.pdf
  • Latouche Serge, Bon pour la casse. Les déraisons de l’obsolescence programmée, Paris, Les liens qui libèrent, 2012.

 

[1] L’obsolescence par défaut fonctionnel, par incompatibilité, indirecte, par notification. Pour en savoir plus, nous vous conseillons la lecture du document suivant : http://www.autrefutur.net/IMG/pdf/Etude-Obsolescence.pdf